Ru: 5 anecdotes de tournage à découvrir

En vedette: 
Chloé Djandji, Karine Vanasse, Patrice Robitaille

Réalisé par: 
Charles-Olivier Michaud

Date de sortie: 
24 novembre 2023

Que se passe-t-il lorsqu’une fillette quitte à jamais son pays? L’exil laisse-t-il des cicatrices importantes dans son esprit? Sa nouvelle vie dans une contrée lointaine est-elle toujours plus facile que sa précédente?
 
Librement adapté du célèbre roman d’inspiration biographique de Kim Thúy, le drame Ru de Charles-Olivier Michaud répond à ces questions avec beaucoup de sensibilité et d’humanité. Il raconte l’histoire de la jeune Vietnamienne Tinh (Chloé Djandji) qui, après une dangereuse traversée en mer et un séjour dans un camp de réfugiés en Malaisie, tente de se refaire une vie au Québec avec ses parents (Chantal Thuy et Jean Bui). De nature réservée, Tinh tentera bien que mal de s’adapter à sa nouvelle vie ainsi qu’à sa nouvelle langue, le français. Mais trouvera-t-elle du réconfort et du bonheur au sein d’une famille de Granby (Karine Vanasse et Patrice Robitaille) qui veille à son intégration culturelle? 
 
«Le film suit tous les apprentissages de Tinh dans ses premiers moments au Québec. Il montre aussi toute la bonté qu’ont eue les Québécois envers les boat people [à la fin de la guerre du Vietnam]. Ru est un vrai miracle à mes yeux», explique Kim Thúy.

Voulant connaître les coulisses du long-métrage et les détails entourant l’adaptation cinématographique, nous avons rencontré Kim Thúy et les acteurs Chloé Djandji et Jean Bui. Compte-rendu en cinq temps.
 

1. Du carnet à l’écran

Kim Thúy a eu le courage d’écrire son passé d’immigrante, après que son amie Karine Vanasse lui ait offert, il y a 20 ans environ, un petit cahier de notes. Au fil du temps, ce petit cahier de notes (a priori anodin) est devenu un livre paru en 2009 chez Libre Expression, traduit en 31 langues et vendu à environ 850 000 exemplaires dans le monde. Le livre s’est ensuite transformé en film. «C’est incroyable que Karine Vanasse joue dans Ru, et que notre amitié existe encore aujourd’hui, raconte avec gratitude Kim Thúy. La vie est toujours plus riche que ce que nous sommes capables d’imaginer.»
 

2. Une adaptation libre

Le scénario de Ru s’écarte légèrement du récit littéraire de Kim Thúy, dont il est inspiré. Les scénaristes Jacques Davidts et Kim Thúy se sont donné quelques libertés créatives, aux dires de l’acteur Patrice Robitaille qui a comparé les deux œuvres: «Le roman fait plusieurs allers-retours avec le Vietnam, alors que le long-métrage se concentre davantage sur l’histoire au Québec.»

L’adaptation cinématographique montre, par exemple, la culture culinaire du Québec, notamment caractérisée par les sandwichs pas de croûte et les repas de cabane à sucre noyés dans le sirop d’érable. 

3. Une reconstitution réussie 

L’équipe du film a reconstitué des détails importants de l’enfance de Kim Thúy, dont son domicile familial. «J’ai ressenti une émotion vraiment forte en rentrant dans ce décor cinématographique, car j’avais l’impression de retourner à la maison. Tout y était, de la sculpture à la petite robe», se souvient Kim Thúy.

Le réalisateur Charles-Olivier Michaud et le directeur de la photographie Jean-François Lord ont même utilisé du papier de toilette déchiré et un puissant jeu de lumière pour récréer les poussières retrouvées en suspension dans l’air du Vietnam.

4. Des journées glaciales

Les acteurs ont tourné des scènes pas toujours simples, en raison notamment des intempéries. L’actrice Chloé Djandji se souvient de son premier jour de tournage: «Il y a eu une tempête de neige. Nous avions tellement froid, car nos manteaux et costumes, datant des années 1970, n’étaient pas bien isolés. Je tremblais, alors que mes mains étaient rouges, rouges, rouges! Ça ne m’a toutefois pas découragée de faire du cinéma.»

5. Une réalité touchante et commune

Le scénario du film est si réaliste que l’acteur Jean Bui a été profondément touché en le lisant. «Des passages ressemblaient beaucoup à l’histoire de mes parents. Par moments, je me suis demandé si mon père et ma mère avaient été sur le même bateau que les parents de Kim durant leur périple vers le Québec, avoue-t-il. Ru m’a permis de reconnecter avec mes parents et d’en apprendre plus sur leur passé.» 

Chloé Djandji abonde dans le même sens: «Le long-métrage peut toucher tous les cœurs parce qu’il est autant réaliste que lumineux.»
 
Pour les besoins de l’article, les propos de nos interviewés ont été édités.